14 août 2010

Gibraltar : atterrissage de prestige

Pré-transat 2010 - 3
 

Carthagène-Gibraltar - 267 nautiques


10 août. Le petit vent de sud-est du départ ne dure pas plus de 30 minutes. Le spi d'abord hissé est vite affalé. Pendant deux jours entiers, nous aurons un vent faible de face.



Nous faisons route principalement au moteur avec quelques moments sous voiles qui nous font beaucoup dévier de la route.

Au matin du 11 août, nous entrons dans une nappe de brume dense.

  
C'est le moment d'activer le radar.

Le soir, l'approche de l'atlantique est sensible. La mer prend une teinte verte, l'odeur particulière de l'océan est nette. Nous naviguons entre la côte et le rail des cargos remontant la côte espagnole. Le trafic est dense mais ne nous gêne pas, étant parallèle à notre route. Apéro agrémenté de nombreux dauphins, comme presque chaque soir.

A la fin de la seconde nuit, le moteur tourne imperturbablement depuis quarante heures. Nous sommes presque dans l'axe du détroit et le vent, toujours de face, monte rapidement. Il s'y ajoute un courant contraire d'1,5 nœud au moins. Notre vitesse baisse et le bateau peine à dépasser les 3 nœuds malgré un régime moteur constant. Quand le vent atteint 16 nœuds, il me semble suffisant pour louvoyer sous voiles avec une efficacité au moins équivalente à celle du moteur : en effet, après arrêt du moulin et remise sous voiles, le VMG reste à 3 nœuds malgré l'écart de route et la forte dérive due au courant - plus de 20°.




À 14 heures nous sommes au travers du rocher de Gibraltar.

J'ai de face le vent qui flirte avec force 6, le courant portant à l'est qui dépasse 2 nœuds, et tout autour des cargos en attente, faisant des ronds dans l'eau.
 









Teles va devoir se surpasser ! Je croise le rail principal, finassant avec 3 cargos dont les routes sont droit sur nous (et vive l'AIS !), puis virement de bord et remontée au près serré sous 2 ris.

Nous avons failli passer la Punta Europa, à l'extrémité du rocher, mais c'est encore un peu court : 
un monstrueux porte-containers (363 m de long !) nous barre le passage.
 

Nouveau bord en retraversant le rail, puis remontée à la limite extrême du près serré, rail de fargue dans l'eau, équipage au rappel : ça passe, vent à 24 nœuds à l'entrée de la baie d'Algésiras.
 

 
Je peux enfin abattre et filer à 8 nœuds plein nord.

Nous côtoyons de nombreux cargos ancrés, chacun flanqué de son petit pétrolier nourricier : c'est la station-service des super-gros, source de revenus importante pour Gibraltar.
  

Nous dépassons le rocher mythique pour aller jeter l'ancre dans l'avant-port de La Linea, en zone espagnole au ras de la frontière britannique. L'apéro dans un décor aussi symbolique a ce soir-là quelque chose d'exceptionnel.



La météo s'est un peu améliorée pour les jours suivants : nous pourrons passer le détroit le 14 août dès la renverse du vent qui restera de force 5 à 6, et dans le bon sens. Cela nous laisse un jour de relâche pour visiter Gibraltar.


Escale à Gibraltar

13 août. L'annexe nous amène au port de La Linea, sur un ponton au hasard. Nous découvrons une immense marina flambant neuve et quasi-déserte. Il y a bien 500 places, qu'occupent tout au plus 40 bateaux.

Rêve de plaisancier azuréen !
 
Il est conseillé de passer la frontière à pied.


La file de voitures s'étire sur des kilomètres.

André, tout à son insouciance, n'a pas son passeport. Il exhibe cartes d'identité, certificats, cartes de visite (non, là c'est nous qui le charrions un peu)...! Mais la très sexy douanière britannique reste intraitable et il est refoulé. Il va retourner au bateau et nous rejoindra plus tard.


L'accès au rocher est singulier : on traverse les pistes de l'aéroport.

  

Plus loin, on pénètre par une ancienne poterne et deux tunnels à travers les fortifications qui datent de Charles Quint.



Le centre-ville s'étire sur deux ou trois rues bondées, sans autre intérêt que le shopping : photo et informatique, parfums, fringues, alcools.



 
So British !

Souvenir de la bataille de Trafalgar
 
Une modeste statue de l'amiral Nelson

L'énorme port n'est pas facilement accessible. Il faut traverser le mur d'enceinte puis des boulevards encombrés, et trouver un passage entre les entrepôts et les hangars.
  


La plus grande marina, Queensway Quay ("The Quay" quand on est dans le ton), est enserrée entre des résidences de luxe très exclusives, à l'abri de la piétaille du duty-free...





A Marina Bay, où nous avons fait le plein de carburant le lendemain (pas vraiment moins cher qu'ailleurs), on annonce la couleur : pas de visiteurs !
 


Nous avons résisté au fish and chips londonien proposé partout, et trouvé un sympathique restaurant marocain aux rafraîchissements bienvenus : il fait très chaud et très soif. Notre journée sera rythmée par les haltes bière (pas mal !) et eau minérale (beaucoup !).
 
 

Retour à La Linea, petit avitaillement dans une improbable supérette cachée dans les HLM locales, et nous récupérons l'annexe qui n'a été ni volée, ni perforée comme je l'avais lu ici et là en préparant le voyage. Dans cette marina fermée et surveillée, cela serait vraiment étonnant mais ces infrastructures sont nouvelles et même inachevées. Il a pu en aller autrement dans un passé récent. Malgré l'étude attentive des récits de navigation, il reste toujours une part d'inconnu et c'est tant mieux.

Retour au bateau où nous attendent silence (relatif), baignade (vitale) et apéro (de rigueur). Un "pêcheur fou" va nous amuser un moment : un énergumène sur une barque crachotante jette un immense filet tout autour du mouillage, passant entre les bateaux au mépris des ancres et des chaînes dont la nôtre. Cet individu doit détester les plaisanciers...


Il revient heureusement lever tout ça en début de nuit.

A suivre ici

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