20 décembre 2010

En panne au milieu de l'Atlantique

Transat 2010 - 2

Le vent s'évanouit à partir du 13 décembre, mais pas la mer.

 


 

 Au moteur dans la houle

 


Pas de vent (bis)...


Une météo calamiteuse

Le couple infernal vent faible-mer agitée est fatal au gréement : rupture d'une pièce de maintien de la bôme, repérée à temps.


Je surveille tout...






Cassé, réparé


Mail du 13/2 : "Aujourd'hui petite distraction inédite : on a failli perdre la bôme !! Nous sommes arrivés dans une zone de vent faible comme prévu, et les voiles se sont mises à claquer, la bôme à osciller violemment comme à chaque fois malgré tout ce qu'on peut mettre pour la tenir. Et à chaque fois je vérifie que ça ne fait pas de dégâts, surtout sur le vit de mulet dont l'axe tient par une petite goupille déjà réparée une fois. Je ne trouvais pas ça solide et je m'en méfie toujours. Bien m'en a pris : l'axe était entièrement sorti sur tribord et ne tenait plus que par 1 mm sur bâbord. Je ne te dis pas les manœuvres en urgence : affaler, réaligner l'axe, trouver une goupille de rechange et arriver à la faire rentrer...Heureusement la mer n'était pas trop agitée. Enfin tout est réparé! Mea culpa, j'aurais dû changer cette pièce d'office. Et de surcroît on a de nouveau du vent ce soir, la météo est vraiment difficile à suivre. La réparation sur la GV a l'air de se décoller un peu... Surtout, qu'on ne relâche pas trop l'attention !"
Puis c'est une véritable pétole, avec la mer totalement lisse et plus un souffle d'air. L'anémomètre ose afficher 0,5 nœud ! Je me résous à remettre le moteur malgré des réserves en gazole déjà bien entamées, mais l'hydrogénérateur ne charge plus et il faut un minimum d'électricité.
 
Mail du 15/12 : "Aujourd'hui le vent a repris mollement et ce soir on a retrouvé une bonne vitesse. Il y a encore eu des heures à se faire secouer et la goupille du vit de mulet que j'avais réparée a de nouveau cassé. Mais maintenant ça devrait tenir, on a un bon vent régulier qui ne secoue plus le gréement en tous sens, que c'est pénible ces moments ! Alain a réussi cette fois un excellent pain et on se régale. J'espère qu'il n'y aura plus de changement météo, on a quand même 1350 nm à faire encore ! Vraiment je n'aurais pas pensé cette transat ainsi à pleurer le vent des jours durant...Il faudra la refaire en mieux ! Hi hi hi... A part ça, c'est vraiment magique de se savoir là en plein océan, comme tu disais il y a quelques jours. Extraordinaire expérience, n'est-ce pas que ça fait envie ?"

C'est reparti !

Nous reprenons progressivement une vitesse acceptable, nous avançons à 110-120 milles par jour. Il faut parfois réduire la voilure, surtout la nuit en prévision des grains, et l'obligation de prendre systématiquement 2 ris nous ralentit. Le chariot d'écoute de la grand-voile, que je n'ai pu remplacer avant le départ, ne résistera pas plus longtemps. Là encore je surveillais et nous avons pu réparer en évitant un accident.
 
Encore une réparation de fortune
  
L'océan est désert, nous n'avons pas croisé de bateau depuis 4 jours.
Mail du 16/12 : "Ça s'approche enfin ! Encore quelque 1200 nm, 10 jours si tout va bien. Évidemment la manille du chariot d'écoute a cassé pour la 6ème fois, puisque je n'ai pas pu changer la pièce. Donc encore un système de fortune ! Le retour du vent a été lent et progressif, on peine à dépasser les 5 nœuds de moyenne malgré de bons moments à 7 mais qui ne durent pas. La météo semble enfin stable durablement et cette journée a été très relax, juste un empannage pour suivre le vent au mieux. Il fait toujours 28-29°, pas trop chaud surtout depuis que le vent est revenu."
Nous croisons (de loin, juste repéré à l'AIS) un cargo à destination des USA : nous avons vraiment changé d'hémisphère.

 

Pas de vent (ter)... là c'est trop !

Voilà une nouvelle dépression devant nous, bien que nous soyons descendus jusqu'au 16ème parallèle. Il va falloir encore obliquer au sud et perdre du temps. Le vent reste faible, mal orienté, j'ai l'impression de piétiner. Jamais nous n'arriverons en Martinique pour les quelques jours prévus en famille, c'est désormais certain. Alors je pique une grosse colère contre les éléments, le temps, les pilot charts, les statistiques climatiques... Alain laisse passer l'orage !
Mail du 17/12 : "Rien ne va plus. Hier encore je pensais que tout allait se rattraper mais à peine t'avais-je envoyé mon dernier mail que le vent est tombé très rapidement. Ce n'était pas du tout prévu comme ça sur la météo, mais ici ça a l'air assez approximatif. J'ai tout de suite empanné pour aller franchement sud où il semble y avoir un semblant d'alizés. Toute la nuit à 2-3 nœuds à se faire secouer pendant que tout casse (mousquetons, manilles, etc), un bruit d'enfer tout le temps sauf aux rares moments où on capte un peu de vent. En ce moment même tout le bateau est secoué au point qu'on croirait qu'on va démâter tellement les secousses sont violentes. Il y a 4 nœuds de vent, on est sous spi depuis ce matin pour arriver à 3-4 nœuds de vitesse. Naturellement les batteries ne sont plus chargées, etc. C'est comme dans les films de pirates avec le vaisseau toutes voiles flasques au milieu de la mer sous un soleil de plomb, avec les gars avachis, le scorbut, le béri-béri et la bouteille de rhum... Toujours est-il que j'ai pété les plombs, marre de gérer du force 2 (ou 1) sur cette transat dont tout le monde dit que c'est une autoroute... Aujourd'hui, depuis qu'on a hissé le spi, on fait semblant d'avancer et je vise entre 14° et 15° de latitude où il devrait y avoir des traces d'alizés... Bon voilà, tout va mal et uniquement par la météo parce que tous les problèmes du bateau ont été résolus avec les moyens du bord. Vraiment ça me troue le c...! Juste une interruption, il a fallu affaler le spi en urgence car voilà une rafale à 15 kt sans crier gare. Ça entraîne aux manœuvres nocturnes... Et on reprend le combat nuit et jour."
N'avons-nous pas eu assez d'avaries ? Voilà que le circuit d'eau douce fait des siennes, il y a une fuite quelque part. Je trouve rapidement le trou sur le flexible de la douche de cockpit. Pas réparable sur le moment mais facile à neutraliser. Et le lendemain, le feu de navigation bâbord est grillé. Plus d'ampoule de rechange, il était prévu de tout changer en LEDs, pas arrivées à temps bien entendu ! Sinon, les remplacements de goupilles et manilles, ça marche fort !

A la lecture de mes messages rageurs, une cellule de crise est constituée par Armelle pour me remonter le moral...
Mail du 18/12 : "Merci de tes encouragements, ils sont bienvenus dans cette pétole noire dont on ne voit pas le bout. Aujourd'hui l'objectif était d'atteindre 3 nœuds, on y est arrivé de temps en temps... Toute la journée sous spi, heureusement qu'il est là, sinon il n'y aurait plus qu'à se mettre à la cape. Je répare les trucs qui cassent les uns après les autres, j'ai de la réserve ! Je me suis distrait avec une fuite sur la douche de cockpit, ça occupe... Alain s'est fait arroser pendant que je tentais de réparer, un gag à la Laurel & Hardy qui nous a fait franchement rigoler. C'est dire à quel niveau nous sommes tombés ! Enfin bon, on finit par prendre les choses avec philosophie, Alain est de bonne compagnie pour cela, rien ne l'atteint. D'après la météo, le vent revient demain et se renforce ensuite sans nouveau bordel emmerdogène à venir. On mettra toute la toile et on verra bien. On a du gazole pour recharger chaque jour s'il le faut, et la nourriture ça va. On a même retrouvé du lait dans un coin ! Ce n'est pas encore le Radeau de la Méduse... Il fait maintenant vraiment chaud, on dépasse les 30°."
Nous avons renoncé à notre semaine de vacances à l'arrivée. Armelle est de nouveau mise à contribution pour annuler les vols et retarder le mien : désolant mais un gros soulagement car je n'ai plus cette pression sur les épaules (on ne devrait jamais être tenu par le calendrier en navigation, oui... ). Très progressivement, nous allons reprendre de meilleures conditions de navigation où le gréement ne fatigue plus.


Ça repart doucement

 

Mail du 19/12 : "Nous avons retrouvé du vent, mais vraiment le minimum pour faire du 4-5 nœuds tout au plus et en tirant des bords arrière. Ça devrait se renforcer les 2 jours suivants, puis à nouveau diminuer : jamais vu ça ! Nous avons quand même arrosé la barre des 1000 milles restant à parcourir ce jour. Le bateau se tient très bien, le pont ressemble à une toile d'araignée avec tous les bouts que j'ai mis en systèmes de fortune. Les bricolages à faire seront peu de chose, le seul gros sujet est le remplacement de la grand-voile qui est évidemment foutue. Je ne pourrai voir que sur place comment je vais faire. Bon, tout ça me met un peu moins la pression, il faut reconnaître que c'est tout de même une splendide navigation. Je le referai à la retraite avec 3 mois s'il le faut...!"



A suivre ici

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