27 novembre 2013

Tobago : la côte nord

Nos invités prennent vite le rythme de la vie à bord : lecture, baignade (l'eau est à 28°C), relaxation, cocktails. 

Il y aura aussi des instants plus mouvementés : la navigation, c'est avant tout de l'imprévu et pas toujours comme on souhaiterait...




22 novembre : Store Bay


L'équipage prend ses quartiers sur Shrubb.
 

Nous rendons visite à John Stickland, le shipchandler de Store Bay, à qui nous demandons diverses prestations et qui aura le bateau en garde après notre départ.




John en action


L'aller-retour vers Scarborough est un passage obligé : les formalités de douane sont accomplies sur l'habituel mode sourcilleux mais finalement sans difficulté.


Sur la route du retour nous faisons un arrêt au supermarché Penny Saver's pour l'essentiel de l'avitaillement des 10 jours à venir.
Déception : le choix est pauvre en rhum de qualité, il n'y a même pas de vieil Angostura !








Penny Saver's sur Milford Road

L'équipage doit être convenablement nourri !

24 novembre : Englishman Bay

Nous levons l'ancre en milieu de matinée, cap sur la côte nord.
 

La route contourne Buccoo Reef, où la dernière cardinale restante a été récemment signalée comme disparue. Il n'y a pas de difficulté en restant à l'extérieur de la barrière de corail, bien visible et bien cartographiée.
 
Autour de Buccoo Reef

Je remonte au près serré appuyé aux moteurs contre un vent de 15 nœuds. La houle est presque de face avec des creux de 2 m à 2,50 m qui secouent pas mal. Le plancher de la nacelle tape fort et une vague vicieuse va même desceller le placard central du carré.
Après 2h30 de cette navigation un peu chaotique nous jetons l'ancre au beau milieu d'Englishman Bay. Un petit reste de houle entre dans la baie mais le calme est incomparable.
 
Englishman Bay
 
Nous sommes le seul bateau, il y a toujours l'étal de paréos et de rares promeneurs sur le rivage. Les femmes et moi débarquons à la nage : l'arrivée sur la plage est plus que sportive, chahutée par de puissants rouleaux où je perds mon tuba et gagne pas mal d'écorchures sur le sable rugueux.
 











Repas de poisson frais, acheté à un pêcheur local


Cette belle escale ne nous livrera pas tous ses charmes : le temps est gris avec des grains fréquents, l'eau est trouble et trop agitée pour permettre le snorkeling près des rochers, et les lucioles ne  montrent pas leurs mille feux une fois la nuit tombée.
 
Il reste le ballet des pélicans
 
La suite de notre tour de l'île nous le confirmera : la meilleure saison est l'été. Bien que nous soyons en climat tropical, la différence est nette : la température de l'air (et de l'eau) est à 28°C, la chaleur reste agréable mais pas accablante comme elle était en juillet. La météo est plus ventée et beaucoup plus pluvieuse.


Nous avons la visite d'un bateau à Englishman Bay : je l'ai reconnu, c'est Continent, un bateau mené par Colette et Alain qui viennent de Guyane après une transat via le Brésil, et avec qui j'avais échangé par blogs interposés. 

Nous les recevons sur Shrubb, un court moment vite interrompu par un grain.




25 novembre : Castara Bay


Nous levons l'ancre en fin d'après-midi. 

Nous revenons brièvement sur nos pas vers Castara Bay, que nous atteignons en une petite demi-heure.





Le mouillage n'est pas aisé, encombré de barques de pêcheurs
 
C'est là que nous avons rendez-vous tôt le lendemain matin avec un guide, "Christian", pour la visite de la forêt. Nous devons débarquer avant le lever du jour, aussi sortons-nous l'annexe pour une petite reconnaissance du rivage.
 
Castara Bay
 
Veillée d'armes devant un pâle coucher de soleil

Un rendez-vous renversant...

Comme convenu nous sommes prêts à 4h30 sur le pont. Il pleut beaucoup. Lors d'une relative accalmie, l'annexe est mise à l'eau. La plage est un peu éclairée et nous avons bien nos repères. Il y a pas mal de rouleaux qui s'écrasent sur la plage, mais pas pires que ceux que nous avons négociés la veille.
 

J'embraye en direction de la plage, les vagues nous portent en douceur. Près du rivage, le fond remonte, les vagues se creusent, on les voit déferler à quelques mètres devant nous. Je laisse passer un gros rouleau et je continue juste derrière, perpendiculaire au bord.
 
Puis tout va très vite : l'étrave monte brusquement à la verticale, s'incline à tribord sous une irrésistible poussée à l'arrière, l'annexe chavire et retombe à l'envers dans 10 cm d'eau. Nous sommes dessous, devant, autour, suivant nos positions, les sacs et la nourrice épars dans le reflux de la vague qui déjà entraîne tout vers le large. Je suis derrière et l'annexe vient sur moi. J'arrive à la maintenir, Grégory vient à mon aide et nous réussissons à la retourner. Armelle arrache la nourrice au flot avide et nous récupérons tous les sacs. Il n'y a pas de blessure à part une entorse du pouce du capitaine, les pertes se limitent à quelques accessoires vestimentaires. Quand tout est sorti de l'eau, il ne s'est pas écoulé plus de 30 secondes.

Nous restons quelques instants hébétés, trempés et incrustés de sable. Un peintre nocturne, travaillant dans une maison devant nous, nous prête des bouteilles d'eau douce pour rincer nos affaires. Il est 5 heures, l'heure convenue pour le rendez-vous : nous nous abritons de la pluie qui tombe de nouveau en attendant notre guide.

Les minutes passent. J'explore les alentours au cas où il y aurait eu erreur sur le lieu. Mais il n'y a qu'une route quasi-déserte. Au bout d'une demi-heure, il faut se rendre à l'évidence : le guide nous fait faux-bond. Nous décidons d'attendre le lever du jour pour regagner le bateau. Nous sommes amers, autant choqués par cette défection inexpliquée que par notre fortune de mer : le ratage est complet !
 

Nous saurons plus tard par un mail que le guide a tout simplement annulé l'excursion à cause de la pluie, sans penser à nous prévenir ou venir nous le dire au rendez-vous ! Ma réponse a été salée...
A 6 heures le jour se lève, nous remettons l'annexe à l'eau. Les rouleaux sont franchis dans l'autre sens, sans incident cette fois, et nous regagnons Shrubb en quelques coups de rame. J'examine le moteur de l'annexe, qui a pris quelques rayures dans ses acrobaties, mais rien de grave : au bout de quelques sollicitations, il redémarre et tourne rond.
 
Après avoir repris des forces autour d'un petit-déjeuner régénérant, nous pensons ne plus rien avoir à faire ici. Nous levons l'ancre sous un ciel chargé mais enfin sans pluie, cap sur Charlotteville.
 

26 novembre : Charlotteville

Les 10 milles sont parcourus en moins de 2 heures, toujours avec le vent et les vagues de face, toujours bien secoués. La vaste baie de Man of War est totalement abritée et le mouillage de Pirates Bay est presque désert : à peine 3 ou 4 bateaux très espacés, qui nous permettent de mouiller par 14 m de fond avec une bonne longueur de chaîne.
 
Pirates Bay
 
Dès notre arrivée, un canot de pêcheurs nous aborde avec une proposition sympathique...
 
 
De quoi se remonter le moral !

Charlotteville a un avantage maintenant déterminant à nos yeux : un ponton pour l'annexe ! Je retrouve l'agréable atmosphère du village : les petites rues montantes, les échoppes, le rivage voué à la pêche, la population souriante et nonchalante. Quant à la douane, elle est fermée : la douanière en chef était fatiguée d'avoir fait la route depuis Scarborough, donc on reviendra le lendemain !
 

  
 











Pause wi-fi à l'hôtel Sharon & Phebe's

Je mets à profit cette escale pour réparer le placard du carré et diverses bricoles. Le temps reste couvert et très humide.
 
Des grains, et encore des grains...

27 novembre : la passe nord


C'est la partie délicate du tour de l'île : passe étroite entre récifs et roches immergées, parcourue de forts courants contraires et que nous prenons face au vent.
 
Les guides recommandent de contourner les îlots par le nord en cas de mauvais temps, j'ai donc prévu d'en décider sur place.



La trace GPS du passage


Les intempéries se sont un peu calmées, la mer est maniable et ce sera donc la passe. Le paysage est impressionnant.
  
Les îlots Melville et St Giles
"London Bridge"
Sur bâbord, danger immergé
Sur tribord, Pointed Rock
A la sortie de la passe, j'abats vers le sud. Le fort courant sud-équatorial remonte contre le vent, d'où des creux atteignant bien les 3 mètres. Mais les vagues nous poussent et nous surfons à petite vitesse vers Little Tobago.
 

 

  
La côte est très inhospitalière. Il faut se frayer un chemin entre de nombreux dangers et des courants changeants. J'ai débranché le pilote et je navigue à vue, en surveillant carte et sondeur.
 

Nous atteignons Anse Bateau, havre bien abrité par Little Tobago et un chapelet d'îlots, le plus fameux mouillage de Tobago.
C'est notre dernière escale, où nous resterons plus longtemps pour visiter l'intérieur.








A suivre ici

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