30 septembre 2015

En route pour la Sicile

L'hivernage de Shrubb se fera cette année en Sicile. 

C'est la dernière traversée de la saison : 600 nautiques de convoyage, une belle navigation dans une ambiance décontractée.









Le parcours choisi est le plus court : cap sur le sud Corse, passage des Bouches de Bonifacio, route vers la pointe ouest de la Sicile, puis côte sud Sicile vers Marina di Ragusa, notre destination finale.

La trace GPS de la traversée
Alain est de nouveau du voyage, et Shrubb accueille Patrice, chef de cambuse, régleur, électricien et autres talents.


Traversée continent-Corse :

20 septembre : départ après avitaillement en fin de matinée ; 1h30 de moteur, le temps de faire tourner le dessalinisateur et d'attraper un petit vent d'ouest après le dévent du cap de St Tropez. 

L'au revoir aux Issambres
 Route sous voiles par travers puis largue à 7-8 nœuds jusqu'au soir.
 
Vus de loin : une baleine et son baleineau

Le vent ne dépasse pas 12 nœuds et mollit pendant la nuit. 
Dès le lendemain matin nous hissons le spi pour quelques heures de louvoyage au grand largue.
Un peu de moteur en fin de matinée, puis de nouveau sous voiles en vue des côtes corses.

Nous atteignons Porto Pollo en fin d'après-midi après 153 milles de traversée.



Escale à Porto Pollo :


 
Le mouillage est moins encombré qu'il n'était un mois plus tôt.

Nous jetons l'ancre sur la même zone de mouillage à l'écart des bouées.








Débarquement au port de Porto Pollo
Un supermarché bienvenu pour un complément d'avitaillement en produits corses

Les Bouches de Bonifacio :

22 septembre : nous avons juste le temps de passer avant un BMS à force 7 prévu pour la fin de journée. Nous quittons Porto Pollo au moteur, le temps de trouver un petit vent d'WNW qui va fraîchir progressivement dans les Bouches.

Un bon début : Patrice sort une belle bonite

En vue du cap Pertusato
Au sud des Lavezzi, le vent atteint 20 nœuds et nous réduisons à un ris.












Nous contournons la Maddalena  par le nord, alors que le vent dépasse les 27 nœuds, en accord avec les prévisions météo. L'allure s'accélère, avec des surfs à 14 nœuds.
  
L'équipage reste serein
L'îlot Monaci, à l'est de la Maddalena
Après la sortie des Bouches, le vent d'ouest reste soutenu et nous poursuivons par vent travers jusqu'au golfe de Pevero, au sud de Porto Cervo, où nous entrons à la tombée de la nuit après 60 milles de traversée.

La côte nord-est de Sardaigne vers Porto Cervo

Escale à Pevero

Ce mouillage est assez large mais encombré de balises et de marques de nature mal définie. Mieux valait arriver de jour.

Le golfe de Pevero
Voisins de mouillage : le Lagoon est arrivé pendant la nuit

Patrice aux fourneaux : préparatifs pour la traversée suivante

Traversée Sardaigne-Sicile :

23 septembre : la météo prévoit un vent soutenu de NW à l'est de la Sardaigne pour au moins les 24 heures à venir. Pour une fois qu'il y a du vent en mer Tyrrhénienne, il faut en profiter ! 

Nous levons l'ancre dès le matin au portant sous un bon vent de 20 nœuds et réduction à 1 ris vite largué.







Le ciel est couvert, la visibilité bonne, la mer peu agitée. Nous avançons à 7-8 nœuds grand largue.


Dans l'après-midi le temps se gâte : une ligne de grains orageux nous rejoint. Nous reprenons un ris. 

Le vent monte à 25 nœuds et va dépasser 30 nœuds dans les rafales sous une pluie battante. 

Le ciel est zébré d'éclairs et plusieurs impacts de foudre tombent assez près devant nous. La visibilité devient très médiocre.





Impavides sous le déluge
Ce régime dure plus de 3 heures puis la pluie cesse. Alors que la nuit tombe, nous manœuvrons plusieurs fois pour renvoyer de la toile, réduire de nouveau à 1 ris, voire 2 ris.
  

  
Ça sèche...
Refuge dans le carré pour un dîner revigorant
La nuit qui vient ne sera pas de tout repos : à 22 h la barre ne répond plus, la faute à une goupille cassée sur le secteur de barre. La réparation, malgré l'agitation ambiante et le safran incontrôlé, se fait sans trop de difficultés. 

A 23 h le vent monte de nouveau à 32 nœuds et nous reprenons le 2ème ris. Le rythme des quarts est assez perturbé, l'équipage dort peu. 






La vraie avarie, celle qu'on redoute en haute mer, survient à 6 h du matin : panne de pilote, apparemment sur l'afficheur. Il y a bien un écran de secours... resté à terre ! Le capitaine échappe au lynchage (!) et après toutes les tentatives de réparation, il faut se résigner : nous allons devoir nous relayer à la barre jusqu'à l'arrivée. 

Une heure chacun : un peu d'apprentissage du système de barre hydraulique

L'équipage garde un moral d'acier dans l'adversité. Heureusement la météo reste bonne : 15 à 20 nœuds de vent grand largue ; après avoir largué les ris, c'est un vrai plaisir de navigation. Et pour que la fête soit complète, Patrice nous régale !

Spécialités variées

Nous atteignons les îles Egades à 3 h du matin la nuit suivante, après 252 milles de traversée entièrement sous voiles.

Le livre de bord est dûment rempli

Escale à Favignana (îles Egades) :



Favignana est la principale des trois îles Egades, à la pointe ouest de la Sicile : île plate, traversée par un imposant rocher qui porte une très ancienne forteresse à son sommet.




25 septembre : le mouillage pris de nuit à l'est de Punta Lunga se trouve sur fond d'herbe, et l'ancre chasse brusquement lors d'une survente dans la matinée. Nous changeons de place en restant soigneusement à distance des câbles sous-marins qui traversent la zone.

Mouillage au sud de Calamoni
Nous tentons un débarquement au petit port de Calamoni, où des descendants de Don Corleone nous réclament 20 € de l'heure pour notre annexe ! Nous fuyons en évitant la ligne de tir des gorilles et allons au port de Punta Lunga, où personne ne nous demande rien.

Le port de Punta Lunga

En une petite demi-heure de marche, nous arrivons sur la côte nord et débouchons au port de Favignana, ancien haut lieu de pêche au thon.


Favignana : la rade et le port, l'île Levanzo en arrière-plan
Les anciennes pêcheries transformées en musée
L'entrée des bâtiments historiques
Le port de pêche et de plaisance
Un ancien thonier : quelques travaux à prévoir...
Nous profitons de la visite pour un avitaillement en produits frais : un délice de fruits locaux à prix très modérés, de quoi bien regarnir la cambuse.




Côte sud Sicile :

L'avarie de pilote a modifié nos plans. Comme nous avons de l'avance, le parcours restant sera scindé en 3 étapes d'une cinquantaine de milles chacune. Le vent reste d'ouest et il y a peu de mouillages abrités de l'ouest sur la route, mais j'en repère deux exactement à la bonne distance.

Comme nous le constaterons, toute la côte sud de Sicile est une immense plage avec un fond de sable qui s’étend très loin sous l'eau : presque partout, il y a à peine 20 m de fond à 1 mille de la côte. On pourrait poser l'ancre n'importe où par vent de nord ou d'est.









26 septembre : peu de vent lorsque nous quittons Favignana, route au moteur le matin, puis sous voiles l'après-midi.

Au large de Marsala

Mouillage à Sciacca


Le cap San Marco, à l'ouest de Sciacca
Mouillage devant la plage
Sciacca : la ville et le port

27 septembre : notre seule journée entièrement au moteur.




Un petit espoir de vent en début d'après-midi : nous montons le gennaker, mais, le temps de le mettre en place, le vent est retombé. On ne pourra même pas le dérouler.

Mouillage à Licata


Licata : le port de plaisance au fond de la zone portuaire
Licata : la ville dominée par son fort
Mouillage sous le vent de la grande digue est

28 septembre : la dernière étape commence par une matinée de pétole dans une atmosphère nettement réchauffée.



Nous passons au large de Gela, important centre pétrolier avec terminal pour tankers et plate-formes d'extraction.


A midi nous avons l'heureuse surprise d'un petit vent de 7 nœuds au largue, assez pour terminer sous voiles à 5 nœuds jusqu'à notre destination.


Atterrisage à Ragusa :

Nous entrons dans le vaste port de Marina di Ragusa à 16 h, bouclant en beauté ce convoyage de 604 milles.



Au ponton des grandes unités
L'accueil est irréprochable, d'abord par VHF puis par aide à l'amarrage. Il y a beaucoup de place et l'abri semble total. Shrubb devrait être en sécurité pour les 6 mois que durera l'hivernage.


Merci à Patrice pour sa contribution en photos

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