24 avril 2016

Grand tour de Malte

La saison 2016 commence par l'archipel maltais : îles de Malte, Gozo et Comino, avec soleil et vent généreux en cette mi-avril.

Depuis les multiples mouillages, nous ferons de fréquentes incursions dans les terres pour visiter ce petit territoire surpeuplé, et son riche patrimoine légué par les Chevaliers de St Jean.




La trace GPS du parcours

La Valette :

L'entrée des ports en arrivant du large
La Valette depuis le port de Marsamxett
La capitale des Grands Maîtres de l'Ordre, érigée après la victoire sur les Ottomans à la fin du XVIè siècle, est un trésor d'architecture baroque qui attire les foules. Sur le promontoire dominant les multiples ports naturels, la cité militaire tirée au cordeau s'orne de dômes, remparts et clochers : la vue est spectaculaire dans toutes les directions.
  
Grand Harbour et les ports sud
Les fortifications de la cité


 Ambiance British bien présente...

Dans l’Histoire récente, la position stratégique de Malte en a fait une base de première importance pendant les deux guerres mondiales.

Un jeune soldat en uniforme d'époque nous invite à un spectacle commémoratif
Architecture typiquement maltaise

Malte bras armé de l’Église depuis quatre siècles
La cour sud de la cathédrale St Jean
La "co-cathédrale" est le monument emblématique des moines-soldats : l'or partout du sol aux voûtes, la statuaire raffinée, les œuvres des plus grands peintres, une salle entière du musée dédiée au Caravage.



L'ancien palais du Grand Maître, devenu la Présidence de la République maltaise


Mdina : 


La première capitale, où se réfugièrent les Chevaliers de St Jean de Jérusalem à l'invitation de Charles Quint, fondant ce qui deviendrait l'Ordre de Malte. La cité fortifiée, remarquablement préservée, est devenue une attraction touristique ; les animations sont de qualité même si elles oublient un peu la rigueur historique.


La cathédrale, qui a précédé celle de La Valette

Le musée de la cathédrale renferme des pièces uniques, dont des manuscrits royaux et pontificaux du XVIè siècle, et quelques-uns d'époque médiévale
Un chevalier un peu anachronique dans ce décor Renaissance...
Une charrette très réaliste...
   
Les ateliers de verrerie sont réputés

Une chapelle pour une exposition de bonsaïs
La rue est en fête !




Vue dominante depuis les remparts
Un air de Jérusalem...
Autre patrimoine local, les glaces italiennes...

St Julian's Bay


Après avoir récupéré l'équipage, notre premier mouillage est cette baie en pleine ville, juste au nord de La Valette. C'est une base parfaite pour la visite de la capitale et des ports alentour. Toute l'île, vu ses petites dimensions (28 km sur 12), est rapidement accessible par d'innombrables lignes de bus à bas prix.
    
St Julian's Bay depuis le port de Spinola

Au nord de la baie, le petit port de Spinola permet un débarquement facile en annexe, avec de nombreux cafés et restaurants et deux supermarchés approvisionnés en tout.


Spinola Harbour
Marinas de Manoel Island
Les shipchandlers sont regroupés dans deux rues juste au sud du pont donnant accès à Manoel Island. Toutefois je n'y ai pas trouvé de régulateur MPPT, il paraît qu'on n'en utilise pas ici vu le fort ensoleillement (...?). Nous restons donc limités à 2 panneaux solaires sur 4 pour toute source d'énergie hormis les moteurs.






Spécialités culinaires locales : le poisson bien sûr, l'île étant cernée de fermes marines, et le lapin (aïe, aïe, aïe, les marins...!). On trouve aussi fruits et légumes de production locale et des vins de bonne mouture.
  
Produits locaux en vente directe
L'équipage prêt au départ

Jeudi 14 avril : la baie de St Julian's est ouverte à l'est et on prévoit du vent d'est. C'est la fin de journée, il faut partir... Mais le moteur tribord (qui paressait un peu dès le départ de Sicile) refuse de démarrer. Contrôles à tous les étages, couplage des batteries de service, rien n'y fait. C'est gênant : ce moteur est celui qui fournit l'eau douce, l'eau chaude et la charge électrique rapide. J'instaure un rationnement en eau et énergie, apprécié comme il se doit, en espérant trouver un réparateur le lendemain. 

Un jour de plus au mouillage
Kurt, notre sauveur !
Vendredi 15 avril : le chantier naval de Manoel Island et les shipchandlers nous donnent divers numéros de téléphone. J'appelle au moins 5 techniciens, tous débordés. Un seul nous laisse un peu d'espoir en ne refusant pas ses services d'emblée, disant de le rappeler en l'absence d'autre solution. Après 3 heures d'errance et contacts en tous sens, je rappelle donc Kurt, qui accepte de venir en fin de journée.





A 17h il est là, avec les pièces de rechange nécessaires selon mes descriptions de la panne. Le fautif est le boîtier électronique, d'un coût exorbitant... Mais enfin le moteur redémarre ! L'équipage fait pleuvoir éloges et remerciements, et nous pouvons quitter St Julian's avant la nuit pour remonter la côte nord-est.
  

San Marco : 

 

Nous y arrivons en moins d'une heure : petite baie tranquille assez bien protégée de l'est, aucun bâtiment, juste une route peu bruyante. 

Mouillage par 7 m, bonne tenue d'emblée et nuit sereine.








Salina Bay : 


Large espace devant le complexe hôtelier de Buggiba, fond herbeux avec zones de sable, bon accrochage de l'ancre par 3 m à la seconde tentative. La protection de l'est est bonne en fond de baie. Nous n'y faisons qu'une halte déjeuner.








Petite promenade au large pour refaire de l'eau

St Paul's Bay : 




Grande baie ouverte au nord-est : il faut aller loin au fond pour trouver un abri de la houle d'est ... et surtout des effluves entêtants des fermes marines en entrée de baie. Nous trouvons un bon mouillage près du petit port de Ghajn Rasul, bonne accroche par 8 m de fond malgré beaucoup d'herbe. Nous débarquons en annexe à la recherche d'un peu d'avitaillement.


Le port de Ghajn Rasul
Il n'y a rien sur place. Nous prenons le bus vers Buggiba, versant nord-ouest.
  

Buggiba, côté St Paul's Bay

Fruits et légumes en vente directe : savoureux !


La table du bord est bien garnie...

Blue Lagoon

18 avril : la grande baie de Melinha au nord est trop exposée à l'est ; nous passons au large, quittant l'île de Malte pour Comino.



Joli bord sous voiles, du près serré au portant par vent d'est de 12 à 20 nœuds : nous atteignons en deux heures le site fameux de Blue Lagoon, entre Comino et Cominotto.

C'est réputé bondé en saison, mais en cette période il y a toute la place : un ou deux bateaux, et des bouées pour les navettes de promenade. Le mouillage est parfait sur sable clair par 5 m.

Blue Lagoon, bien nommé

Les grosses vedettes chargées de touristes affluent à partir de midi et manœuvrent très près de nous, mais nous avons bien choisi où mouiller : les pilotes nous saluent même au passage.




Baraques à frites au-dessus du débarcadère et d'une micro-plage

L'endroit est très prisé des baigneurs venus de Malte
Visite en annexe des grottes autour du site
   

Un autre beau mouillage au sud du lagon
Le soir venu, il n'y a plus que nous. Nous en profitons pour débarquer et faire un petit tour sur Comino. La vue s'étend sur tout l'archipel maltais.

Le lagon, et l'île de Malte au loin
Vers le nord, l’île de Gozo

Gozo : Dwejra Bay

Le vent souffle toujours de l'est avec une houle vigoureuse. Nous quittons Blue Lagoon vers le port de Mgarr sur Gozo, l'île-sœur de Malte, à moins de 2 milles. Il y a une zone de mouillage devant l'entrée du port mais c'est beaucoup trop agité, impossible de débarquer.

Approche du port de Mgarr

Les voiles sont hissées et le vent d'est à 20 nœuds nous pousse à bonne vitesse vers la côte ouest de Gozo, où nous atteignons le site remarquable de Dwejra Bay : une crique circulaire, ceinte de hautes falaises et fermée à l'ouest par un monumental rocher, le Fungus Rock. Il laisse une large passe au sud et une petite passe au nord.
  
 
Fungus Rock et la passe sud de Dwejra Bay
Le vent d'est pénètre à l'intérieur en rafales tourbillonnantes, et il n'est pas évident de mouiller face au vent. Nous jetons l'ancre dans la partie nord par 8 m sur un fond de bonne tenue.

De l'intérieur, les deux passes

Sur la paroi, un hangar troglodyte avec mise à l'eau
  

19 avril : faute de port, Dwejra Bay constitue notre point d'atterrissage sur Gozo, d'où nous partons en excursion. La première étape se fait en annexe : sortie de la baie par la passe nord et parcours d'un petit mille entre récifs et brisants par vent d'est toujours soutenu. Il faut trouver le passage souterrain qui conduit à une autre excavation en forme de cirque plus au nord, avec un petit lac marin dénommé Inland Sea.


Des reliefs impressionnants
  
C'est par là...
La passe sous la roche est haute mais étroite, et sillonnée à toute allure par des barques promène-touristes qui ne nous voient pas forcément d'un bon œil.

En tout cas pas question de se croiser dans ce goulet de 100 m de long, il faut bien viser quand on y entre !


Au bout du tunnel : Inland Sea

L'intérieur est calme et garni de pontons où nous accostons pour nous diriger vers le parking et l'arrêt de bus. Le prochain est dans une heure... mais survient un taxi que nous prenons d'assaut pour nous amener à la capitale de l'île, Rabat-Victoria (les taxis maltais conduisent comme les chauffeurs de bus : pied au plancher quoi qu'il arrive... cardiaques s’abstenir !).


Victoria


La ville-citadelle est perchée sur un promontoire au centre de Gozo, d'où la vue s'étend sur toute l'île aux quatre points cardinaux. En haut des remparts se dresse la petite cathédrale et toute une zone de vestiges remontant à l'époque gréco-romaine. Plus encore que sur l'île de Malte, la ferveur religieuse s'exprime partout : églises somptueuses dans le moindre village, statues de papes et prélats, assemblées en prière dans les églises à toute heure, plaques commémoratives et même, dans le petit musée de la cathédrale, le trône où siégea le pape Jean-Paul II lors de sa visite à Malte et Gozo en 1993.
 
La cathédrale Notre-Dame de l'Assomption


Au sol, les tombes des chevaliers comme à La Valette
Une vraie coupole...
...et une en trompe-l’œil
Une pièce rare : des fonts baptismaux en albâtre


Les petites villes se touchent au milieu d'une terre aride
Les ruines antiques
L'église St Jean Baptiste de Xewkija : un amer remarquable visible de loin en mer
Victoria : la place centrale

Notre taxi nous ramène à Dwejra et nous regagnons le bateau par le même chemin qu'à l'aller. Le vent est toujours soutenu avec un bon clapot : annexe costaude requise ! Shrubb évite en tous sens sur 360°, et j'assure l'ancre avant la nuit : notre sommeil sera tranquille.



20 avril : le vent a la bonne idée de tourner nord pendant quelques heures, juste le temps de gagner la côte ouest de l'île de Malte, cap sud-est. Un voilier allemand, qui nous suit depuis Blue Lagoon, est parti une bonne demi-heure avant nous, et nous nous offrons la joie mauvaise d'une brillante remontée en un bord de travers, pour les coiffer au poteau au mouillage de Paradise Bay.


Paradise Bay

"Paradise" Bay et son hôtel

Le vent doit revenir à l'est et on nous avait conseillé cet endroit comme bon abri, mais à notre arrivée il entre une forte houle de nord-ouest, qui ne s'atténuera que peu par la suite. Il y a un vague ponton mais un débarquement serait dangereux vu l'agitation de la mer. 

En plus c'est moche : le morne paysage, accolé à l'embarcadère pour Mgarr, n'est garni que d'un hôtel dont nous plaignons les clients, découvrant l'envers des brochures alléchantes dans ce qui devrait plutôt s'appeler Purgatoire Bay...! 





En tout cas les Allemands, lassés de se faire secouer sur leur monocoque, repartent bientôt vers d'autres rivages plus cléments. Shrubb étale mieux et nous serons juste un peu bercés durant la nuit.

Le capitaine et Madame s'amusent bien...



Anchor Bay

Il n'y a qu'un cap à contourner sur 2 milles mais le vent, toujours à l'est, est de face à 26 nœuds quand nous remontons vers Anchor Bay avec les deux moteurs en poussée. 

A l'arrivée, la baie est bien abritée et nous mouillons sans difficulté par 10 m à bonne distance des nombreux écueils signalés sur la rive nord.

Anchor Bay


Cette jolie crique a servi de cadre au tournage du film Popeye, de Robert Altman, en 1979.

Les décors sont restés, et le lieu est devenu un petit parc d'attractions où on croise Olive et Brutus dans une réplique miniature des Universal Studios.



Entre marins, on se comprend...

Plus de 25 décors à visiter
Constructions faussement branlantes... depuis près de 40 ans !
Une affiche du film
Chez Popeye

Le bureau du Maire
Nous avons même droit à un petit spectacle aux épinards...




Golden Bay

Encore un saut de puce contre le vent d'est qui atteint 32 nœuds. Au fond de cette crique se trouve une des rares plages de sable fin de Malte, surplombée par le grand hôtel Radisson.

Les casiers et filets et le vent fort ne facilitent pas le mouillage : il faut deux tentatives pour crocher sur 5 m de fond de sable.





Golden Bay
L'hôtel Radisson
Il nous faut un dernier avitaillement en produits frais, et nous prenons encore un bus vers la ville de Melinha. Entre virages sur les chapeaux de roues et coups de frein brutaux, nous traversons la campagne de la région nord de l'île de Malte. L'irrigation y permet des cultures maraîchères et quelques céréales. On ne voit guère d'élevage et peu de vrais arbres, pour ne pas oublier que nous sommes à la latitude du centre de la Tunisie.



Melinha
Voilà ce qu'il nous fallait !
L'annexe nous attend au ponton du club nautique du Radisson
22 avril : le reste de la côte sud-ouest est accore, sans aucun abri. Pour une fois, nous allons passer une journée entière en navigation.


Le vent a beaucoup molli mais reste à l'est entre 6 et 11 nœuds. Nous tirons un long bord sud puis sud-est au bon plein avec un vent adonnant, puis virement de bord vers la côte avant de finir deux petites heures au moteur vers le port de Marsaxlokk : 29 nautiques dont 22 sous voiles.








Un temps de demoiselle pour déjeuner

On croise beaucoup de cargos et deux plates-formes près de la côte

Marsaxlokk

La grande baie au sud-est de Malte est occupée par un grand port commercial, un terminal pétrolier, le plus important port de pêche du pays et un petit port de plaisance.


C'est vaste mais il y a partout des bouées et coffres pour grands bateaux, des chenaux, des zones d'écueils et dangers divers ou des aires à faible profondeur. Les cartes marines ne sont pas très détaillées et nous avançons prudemment, les yeux rivés au sondeur et les équipiers en veille à l'avant.

iSailor : très succinct
Navionics : un peu mieux
Sous un ciel couvert, nous mouillons à courte distance du port de pêche par 4 m de fond de bonne tenue.


Marsaxlokk : le port de pêche

Les produits de pêche sont proposés dans de multiples restaurants sur les quais
L'église richement décorée est de rigueur

A côté des modestes maisons de pêcheurs, un petit palais

Le retour

Notre tour de Malte se termine. Nous revenons sur La Valette au moteur, contre un courant contraire et un vent faible de face à 4 nœuds, sous un temps gris et frais.
Partout le long de la côte, les fermes marines
Nous reprenons le mouillage si commode de St Julian's, où le temps se remet au beau. 



Il reste quelques heures de relaxation et de promenade à La Valette ou à Mdina, avant le changement d'équipage.

J'ai abondamment puisé dans l'album photographique de Gérard, et un peu dans celui de Mohamed (traversée suivante). Merci à eux.


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